Article sur “La Mie de Pain pendant les Trente Glorieuses” publiée dans la revue “Le Mouvement social” – mars 2023

L’article « Les conditions sociales d’une assistance “sans condition”. L’asile de nuit de La Mie de Pain pendant les Trente Glorieuses » a été publié dans le numéro 280 (2022/3) de la revue Le Mouvement social, éditée par les Presses de Sciences Po.

Cette contribution provient d’une recherche doctorale plus large portant sur la socio‑histoire de l’hébergement social des sans‑abri depuis les années 1950 et soutenue à l’Université Paris Nanterre en 2019. Dans le cadre de cette thèse, j’ai été conduit à faire une enquête archivistique aussi bien dans les fonds publics des administrations que dans ceux privés des associations caritatives. La Mie de Pain, disposant grâce aux Amis de Paulin Enfert d’un fonds d’archives très riche – dont j’ai fait la découverte un peu par hasard au détour d’un entretien avec le directeur du Refuge de l’époque –, a été l’un de mes terrains de recherche. Après avoir contacté l’amicale et reçu de sa part une autorisation pour mener mon travail, j’ai conduit mon enquête principalement durant l’année universitaire 2015-2016, puis pendant quelques mois, de manière complémentaire, en 2017. La Mie de Pain est un acteur très important (grande capacité d’accueil, longévité, etc.) de l’assistance aux sans-abri dans la capitale. Ses archives m’ont permis de saisir les transformations qu’elle a connu sur le temps long (professionnalisation, mode de financement, etc.), ainsi que ses constances (primauté donnée à l’inconditionnalité de l’accueil), tout en l’inscrivant dans des changements plus globaux en lien avec l’action publique. Pour ne pas me consacrer exclusivement à l’État et aux politiques publiques, l’étude de cette association m’a donné la possibilité de saisir la formation de l’hébergement d’urgence à l’égard des sans‑abri depuis ses acteurs de terrain les plus directs. 

L’article ici présenté constitue un premier volet de mon étude sur La Mie de Pain. Elle s’intéresse à une période, les Trente Glorieuses, durant laquelle l’association vient en aide aux personnes à la rue de manière privée. On analyse ainsi la « chaîne d’interdépendances » reliant ses donateurs, ses bénévoles et ses accueillis, ainsi que structurée, non sans tensions, autour d’un principe de dévouement. Cette chaîne permet à cette assistance qui se veut sans condition d’exister en marge de l’action des pouvoirs publics. Un second article qui verra bientôt le jour dans la Revue française des affaires sociales, intitulé « De l’asile de nuit à l’urgence sociale », porte sur l’incorporation de La Mie de Pain à l’action publique depuis le début des années 1980 et jusqu’à la décennie 2010 – dans une période qui tranche avec les Trente Glorieuses et se caractérise, entre autres, par l’essor du chômage de masse. Il s’agit ainsi d’analyser comment le fonctionnement traditionnel de l’association s’est reconfiguré (sans avoir nécessairement perdu son identité) en raison de sa régulation par les pouvoirs publics.

Mauricio Aranda

L’article de la revue Le Mouvement social est consultable sur le site Cairn.info (ou par demande à mon adresse mail : mau.aranda@gmail.com) :

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